Grossesse
Fausse couche: un deuil nécessaire
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Avant de se retrouver enceinte après une fausse couche, il importe de vivre le deuil de l’enfant perdu. Cela peut éviter des problèmes à la future maman et au nourrisson à venir.
Selon Manon Cyr, infirmière clinicienne et auteure de Fausse couche, vrai deuil, 50 % des femmes qui vivent une fausse couche considèrent qu'il s'agit d'un événement malheureux et décevant. Mais pour l'autre moitié des femmes, la fausse couche est synonyme d'un véritable deuil. S'il est physiquement possible - sauf contre-indications particulières - de retomber enceinte rapidement, c'est plutôt mentalement qu'il faut s'assurer d'être prête. Pour ces femmes, revivre immédiatement une grossesse peut être source de risques. L'étape du deuil est essentielle. Si on ne prend pas le temps de vivre le deuil de l'enfant perdu, des conséquences indésirables sont possibles pour la future maman et l'enfant à venir.
Complications émotives
Retomber enceinte rapidement ne règle pas tout. La souffrance psychologique ne disparaîtra pas comme par magie, au contraire. Selon Manon Cyr, les femmes qui n'ont pas surmonté leur deuil avant de s'engager dans une nouvelle grossesse sont davantage exposées à la dépression post-partum. Plusieurs femmes s'empressent de retomber enceintes, puis se rendent compte qu'elles n'étaient pas prêtes. «Elles vivent des émotions en dents de scie, explique l'infirmière et auteure. Elles sont heureuses d'être enceintes, mais ne veulent pas oublier le bébé perdu. Pire, elles ont peur que leur nouveau bébé ressente ces émotions et cela les rend très malheureuses. Psychologiquement, la grossesse n'est pas bien vécue.»
Répercussions sur l'enfant
L'enfant à venir peut aussi souffrir d'une maman qui n'aurait pas pris le temps de vivre son deuil après une fausse couche.
Par exemple, certaines femmes font du déni de grossesse. Elles agissent comme si elles n'étaient pas enceintes; elles boivent de l'alcool et ne se soucient pas de leur alimentation. «C'est une forme d'autoprotection, souligne Manon Cyr. Elles ont une peur extrême de souffrir à nouveau, alors elles se forgent une carapace. Ce mécanisme de protection se traduit, chez certaines femmes, par l'absence du lien d'attachement pendant la grossesse et même après la naissance. Elles ne veulent pas aimer ce nouvel être au cas où elles le perdraient.»
Certaines femmes tombent dans l'extrême opposé: elles surprotègent leur enfant. Elles refusent que leurs proches touchent au nouveau-né, ne font aucune promenade à l'extérieur, appliquent à la lettre toutes les recommandations lues dans les livres et refusent de le faire garder. «Cela peut perdurer pendant des années et affecter l'enfant, qui se sentira étouffé», prévient l'infirmière.
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De l'aide pour faire son deuil
Malheureusement, le deuil périnatal est souvent banalisé. «Il ne faut surtout pas avoir honte de consulter un professionnel, même si les gens autour de nous ne semblent pas comprendre, insiste Manon Cyr. Le deuil que vivent les femmes à la suite d'une fausse couche est légitime, au même titre qu'une maman qui aurait perdu un bébé de 1 an.»
Où trouver de l'aide? Bien que peu nombreux, il existe un peu partout au Québec des groupes de soutien spécialisés en deuil périnatal. Pour savoir si un tel groupe existe dans notre région, Manon Cyr suggère de consulter le CLSC. S'il n'en existe pas, le CLSC pourra tout de même apporter son aide. «Ils offrent des services psychosociaux et pourront vous recommander une travailleuse sociale ou une infirmière», assure-t-elle.
Voici les coordonnées de quelques groupes de soutien :
Les rêves envolés
Centre hospitalier Pierre-Boucher
Longueuil
450 468-8111, poste 82309
Les perséides
YMCA
Québec
418 990-2737
Poussière d'anges
Naissance Renaissance Estrie
Sherbrooke
819 569-3119
Mariposa
Centre périnatal Entre deux vagues
Rimouski
418 723 3944
Mes anges
Centre hospitalier ambulatoire régional de Laval (CHARL)
Laval
450 978-8300
De plus, l'organisme BedonZen offre des services d'accompagnement en deuil périnatal et même durant la grossesse qui suit une fausse couche. Établi à Longueuil, BedonZen propose aussi des séances sur l'île de Montréal de même qu'à distance, via Skype ou FaceTime. Coût: 80 $ pour 1 heure (délivrance d'un reçu pour frais de naturopathie).